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Immobilier : une reprise fragile qui appelle une vision durable

Après trois années de net recul, le marché immobilier français donne enfin des signes de reprise. Entamée au début de l’année 2025, cette embellie reste néanmoins fragile et ne suffit pas à lever les nombreuses tensions qui continuent de peser sur le secteur. C’est le constat posé par la FNAIM, qui plaide pour une politique du logement cohérente, lisible et durable afin de consolider cette dynamique.

 

Des ventes en hausse, une accalmie sur les taux

 

Après une chute de 33 % des ventes dans l’ancien entre 2021 et 2024, le marché retrouve une certaine vitalité. À fin avril 2025, les ventes de logements anciens sont en hausse de 2,5 % sur un an, atteignant 892 000 transactions. La FNAIM anticipe 940 000 ventes pour l’ensemble de l’année, soit une progression de 11 %, selon la nouvelle méthodologie de l’Insee. Cette tendance est observée sur la quasi-totalité du territoire, bien que certaines disparités régionales persistent, notamment dans le Nord de la France où la reprise est plus marquée.

Cette amélioration s’explique en partie par la détente des taux d’intérêt. En mai 2025, les crédits immobiliers s’établissent à 3,11 %, contre 4,21 % fin 2023. Cette baisse redonne un peu de souffle aux emprunteurs, tandis que la production de crédits repart à la hausse.

 

 

 

Des prix qui se stabilisent lentement

 

Après deux années de recul, les prix de l’immobilier semblent se stabiliser. À juin 2025, la baisse n’est plus que de -0,6 % sur un an, contre -3,2 % un an auparavant. Les grandes métropoles restent en net repli sur trois ans : Nantes (-13 %), Lyon (-12 %), Bordeaux (-8 %), tandis que certaines villes comme Nice affichent une résistance (+7 %). À Paris, un léger rebond est enregistré (+1,6 %), bien que les prix aient chuté de plus de 9 % depuis 2020, avec une moyenne de 9 855 €/m².

Les zones touristiques, en revanche, affichent de fortes hausses sur cinq ans : +27,2 % pour les stations de ski et +24,3 % pour les stations balnéaires.

Un marché locatif sous pression

 

Malgré cette reprise partielle, le marché locatif reste très tendu. L’offre se raréfie, notamment dans les grandes villes, en raison de la montée des meublés longue durée, souvent plus rentables, au détriment des locations nues. Résultat : les logements partent plus vite (15 jours en moyenne en 2023 contre 21 en 2019) et les locataires restent plus longtemps en place, réduisant encore davantage la fluidité du marché.

 

Une production de logements neufs en chute libre

 

La construction neuve traverse une crise profonde : seulement 284 600 logements ont été mis en chantier en 2024, un niveau historiquement bas depuis 70 ans. Le taux de propriétaires, quant à lui, recule au profit des locataires, avec 240 000 ménages locataires supplémentaires en dix ans. Cette situation, selon la FNAIM, reflète l'absence d'une politique structurée du logement. L’instabilité fiscale, l’absence de grandes réformes et les mesures ponctuelles comme la suspension de MaPrimeRénov’ alimentent la défiance et freinent l’investissement.

 

Deux rendez-vous parlementaires décisifs

 

Pour sortir de cette crise, la FNAIM mise sur deux échéances parlementaires majeures. D’abord, la proposition de loi Gacquerre, censée clarifier les obligations de rénovation énergétique, encore en attente d’examen à l’Assemblée. Ensuite, le Projet de loi de finances pour 2026, qui pourrait inscrire les conclusions de la mission Daubresse – Cosson sur le statut du bailleur privé. Celle-ci repose sur deux piliers : un cadre fiscal incitatif et une régulation équilibrée.

 

Des solutions concrètes et sans coût pour l’État

 

Consciente des contraintes budgétaires, la FNAIM propose des mesures à effet rapide et sans impact sur les finances publiques :

  • Portabilité et transférabilité des prêts immobiliers ;

  • Dispositif « Investir aujourd’hui, défiscaliser demain » pour favoriser la location longue durée ;

  • Restauration de l’APL accession et pérennisation du PTZ ;

  • Développement du statut du bailleur privé ;

  • Création de la VEFRE (Vente en l’état futur de rénovation énergétique).

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Une reconnaissance attendue des professionnels

 

Enfin, la FNAIM appelle à une meilleure reconnaissance des professionnels de l’immobilier, véritables tiers de confiance du marché. Plusieurs avancées ont été obtenues récemment : décrets sur la formation, revalorisation des honoraires des syndics, et renforcement du dialogue avec les parlementaires. Elle milite également pour une régulation équitable des locations touristiques, ainsi qu’une évaluation réaliste de l’encadrement des loyers.